RDC: La CPI dans les coulisses de la République démocratique du Congo

 

Karim A. A. KHAN , Procureur Général de la Cour pénale internationale “CPI” en sigle, a atterri au terrain du Collège Alfajiri dans la ville de Bukavu, au Sud-Kivu, sur invitation du Président de la République Félix Antoine TSHISEKEDI. C’était ce 29 mai 2023. À sa descente de l’hélicoptère, Monsieur Karim A.A. KHAN a été accueilli dans la ville par le Gouverneur du Sud-Kivu Théo NGWABIDJE KASI.

Il était accompagné par la ministre congolaise de la Justice, Rose Mutombo, le ministre des Droits humains, Fabrice Puela, le procureur général de la RDC, Jean-Paul Mukolo Nkokesha et l’auditeur général, le général Likulia Bakumi qui ont fait le déplacement de Kinshasa. Cette visite de Monsieur le Procureur Général de la CPI vise à échanger sur la feuille de route et la coopération pour lutter contre l’impunité, s’enquérir de l’état de la stratégie nationale des poursuites des crimes, mais aussi rencontrer les communautés affectées.

À Panzi, témoin d’un passé horrible

Aussitôt arrivé, le cortège  a emprunté la direction de l’Hôpital général de référence de Panzi où le Procureur Général a été reçu par le Prix Nobel de la paix 2018, le Docteur Denis MUKWEGE. Ici, Karim A. A. KHAN a échangé avec les survivantes des violences sexuelles avant d’apprécier leurs œuvres d’art.

Le Gouverneur de Province Théo Ngwabidje Kasi a émis les vœux de voir la CPI enquêter en priorité sur les crimes commis dans la partie Est de la RDC depuis des décennies, notamment le désastre humain causé aux populations. L’autorité provinciale a rendu un vibrant hommage au chef de l’état Félix Antoine TSHISEKEDI pour l’importance qu’il accorde à la lutte contre l’impunité en République Démocratique du Congo.

Le procureur général de la CPI a promis de travailler et de collaborer avec les autorités congolaises pour que ces crimes ne restent pas impunis.

Vers un partenariat pour le changement

Cette visite au Sud-Kivu intervient une semaine après que le Gouvernement Sama lui ait soumis une nouvelle situation de la RDC. C’est Madame le Ministre d’État en charge de la Justice qui avait déposé une note de renvoi d’une situation au bureau du Procureur de la CPI à la Haye, l’invitant à s’y intéresser et à initier le processus d’enquête contre la coalition RDF/M23 dans l’Est de la RDC.

Tout porte à croire que les droits des victimes de crimes sexuels et sexistes doivent être défendus par de nouvelles approches significatives en matière de responsabilisation en République démocratique du Congo. Le Procureur de la CPI, tout en reconnaissant la pérennité des crimes en République démocratique du Congo, il préconise le partenariat pour espérer un changement.

“Les viols ne se sont pas encore stoppés, les crimes ne sont pas arrêtés. Les victimes sont là, le message est que nous devons trouver de nouvelles manières de travailler. Nous devons construire un partenariat beaucoup plus solide avec le gouvernement, la société civile, le héros comme Mukwege, le Procureur civil, le Procureur militaire et même l’Union européenne. Nous devons trouver le moyen de montrer que nous avons la volonté de travailler pour mettre fin à ces viols. Nous allons travailler avec passion et énergie de sorte que les crimes ne vont plus se répéter”, a-t-il déclaré dans une adresse à la presse.

En Ituri, la CPI attendue en sauveur

l’arrivée du Procureur général de la CPI dans la province de l’Ituri semble être une lueur d’espoir. D’aucuns pensent qu’il va apporter un changement et mettre la main sur les auteurs des massacres en Ituri.

La province de l’Ituri, qui habrite plusieurs groupes armés qui sèment terreur, est frappé par de graves violences et violations des droits de l’homme depuis décembre 2017. Ces faits ont déjà produit des milliers de morts et plus d’un million de déplacés internes et externes au pays.

A la suite de la guerre civile de 1999-2003 qui avait secoué l’Ituri, la CPI avait procédé à des enquêtes qui avaient permis d’arrêter des leaders des milices locales. Parmi ces milices, Thomas Lubanga, Germain Katanga et Mathieu Ngudjolo qui ont été jugés et condamnés. Aujourd’hui, en Ituri, beaucoup pensent que l’action de la CPI peut dissuader les protagonistes et faire changer la donne sur le plan securitaire.

Pourtant le rapport Mapping…

Il existe déjà un Rapport Mapping des experts de l’ONU sur les crimes commis dans l’Est de la  République démocratique du Congo.  À la lumière de ce rapport probant, le Conseil de  Sécurité de l’ONU doit  institutuer un Tribunal Pénale International pour la RDC afin de juger les auteurs et complices des crimes qui endeuille la  RDC jusqu’à ce jour. Sur le territoire national, Denis Mukwege dénonce le fait qu’un protagoniste soit nommé à une fonction.

Pour le prix Nobel de la paix, “la poursuite de la politique qui accorde des promotions à des ex-chefs de guerre repris dans le rapport Mapping à l’expl d’Onusumba illustre que le régime n’a aucune intention de mener des réformes visant à assainir les institutions et aggrave la crise politique et morale en RDC,” a-t-il laissé entendre à travers son compte Tweeter.

Plusieurs années après la publication du Rapport Mapping, les groupes armés ne cessent de semer terreur à l’Est de la République démocratique du Congo.  Au Sud-Kivu, au Nord-Kivu comme en Ituri, plis  d’une décennie de guerres n’a cessé d’endeuiller les populations. Certains on tout quitté, se sont déplacés, perdant derrière eux des êtres chers, des biens de valeur. Les jeunes ont tout recommencé dans le désespoir. Plusieurs enfants n’ont pas eu la chance de grandir dans la chaleur parentale. Mais, malgré tout ce fléau historique, la terreur ne semble pas encore dire son dernier mot.

Cito Cibambo

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